Accueilli à bras ouverts dans les foyers en cette période de fête, le Père Noël reste un personnage au passé trouble.
Et si le Père Noël était un usurpateur ? Le bonhomme joufflu, tout de rouge vêtu, n’a pas toujours affiché l’allure débonnaire qu’on lui connaît. A l’origine, au Xe siècle, il se fait appeler Saint Nicolas et traîne, juché sur un âne, sa houppelande verte, sa mitre et sa crosse. Fêté essentiellement dans les pays nordiques, le 6 décembre, il passe de maison en maison accompagné du Père Fouettard. Tous deux distribuent différentes friands pains d’épices représentant le Saint évêque, et réservent les coups de trique et les oignons aux chenapans.
C’est au XVIIe siècle que commence sa métamorphose, lorsque les premiers immigrants Allemands s’installent aux Etats-Unis. Il troque alors son patronyme pour celui de Santa Claus et se débarrasse de son encombrant compagnon. Peu à peu, sa physionomie s’adoucit jusqu’à apparaître pour la première fois en 1863, ventru, jovial et paré d’un costume garni de fourrure blanche, ceinturé de noir, dans les pages de l’hebdomadaire « Harper’s Illustrated weekly ».
De la légende au personnage publicitaire
Vers 1850, alors que paraissent « Les livres de Noël » de Charles Dickens, les Anglais décident de repousser sa célébration à la nuit du 24 au 25 décembre. Mais il faut attendre 1931 et une publicité de Coca Cola à destination des enfants, pour que le bonhomme prenne son allure définitive. Affublé d’un traîneau tiré par des rennes, il sirote une bouteille de la fameuse boisson au goulot, histoire de prendre des forces avant la distribution de cadeaux. L’illustrateur, Haddon Sundblom, pousse alors le trait jusqu’à l’habiller aux couleurs de la marque : rouge et blanc, des couleurs parfois utilisées auparavant mais qui seront popularisé par cette publicité. Cette nouvelle renommée le hisse au stade de héros volant la vedette au petit Jésus, au grand dam des catholiques.
Les Français, qui s’échangent depuis longtemps des petits cadeaux pour célébrer la naissance du Christ, résistent longtemps à la mode du Père Noël. Mais l’après-guerre et l’arrivée du plan Marshall et du Coca-Cola, ont raison des plus fervents défenseurs de la tradition chrétienne. Au point qu’en 1962, le ministre des PTT (Poste, télégraphe et téléphone) est contraint de créer son secrétariat officiel pour répondre aux nombreuses lettres des enfants sages. Une soixantaine d’assistantes de notre bedonnant héros sont d’ailleurs actuellement à pied d’oeuvre pour répondre à toutes les lettres écrites par les enfants. L’histoire raconte que c’est la propre sœur du ministre qui répondit aux premières missives, elle ne dit pas en revanche si elle inspira un personnage encore sous exploité, la Mère Noël.
Delphine Sampic-Berger
metronews.fr